Sandrine Estrade-Boulet à l’école élémentaire des Clôteaux, séance 1

Publié le 27 janvier 2014 /

Depuis 3 ans, Electroni[k] mène des résidences d’artistes au sein d’écoles. Ce procédé, financé par la DRAC Bretagne et la Ville de Rennes, permet aux élèves de rencontrer un artiste et de développer avec lui un projet de création sur toute l’année scolaire.

Suite au travail de Bertrand Duplat avec les écoles des Gantelles et Sonia Delaunay en 2012-2013, Electroni[k] a invité la plasticienne Sandrine Estrade-Boulet a travailler avec l’école des Clôteaux. Avec son projet Over The Rennes-Beau, Sandrine souhaite proposer aux enfants de créer des images originales et amusantes à partir de photos retouchées par ordinateur. La réalité deviendra ainsi magique et le quotidien se verra transformé.

Sandrine est venue à deux reprises à Rennes pour exposer son travail dans la galerie pédagogique de l’école, rencontrer l’équipe enseignante et les élèves, et pour customiser à sa manière le gymnase et les toilettes. Elle a commencé début janvier les séances en classe avec les enfants.

Sandrine Estrade-Boulet à l’école élémentaire des Clôteaux, séance 1

 

Lundi 13 janvier

Il fait nuit lorsque nous nous retrouvons devant l’école. Nous sommes quatre : Sandrine, intervenante principale, Nicolas, Catherine et moi, en renfort bénévole. Du renfort, il va en falloir, car pendant deux jours et demi nous allons suivre des enfants au meilleur de leur forme et pour leurs premières phases de création artistique. Au programme : sorties, photos, ordinateur et écriture.

Ce matin, nous commençons avec les CE1. Dans la classe le calme est de mise, les enfants sont soit fatigués soit impressionnés, en tous cas ils écoutent. Sandrine donne ses instructions, assez précises, sur comment prendre une photo. Ce n’est pas si simple quand on a 7 ans, il faut bien vérifier le réglage de l’appareil, le cadrage, la netteté, et l’angle de prise de vue ; heureusement que Sandrine explique ce que ça veut dire.

Distribution des appareils, les binômes se forment dans l’excitation. Il faut refaire le point : on ne prend pas ses petits camarades en photo, on ne court pas partout avec les appareils, on se concentre sur le sujet qu’on a choisi car une photo ratée ne sera pas exploitable pour la suite du projet.

Après ce briefing, toute la classe descend dans la cour de l’école. Heureusement le périmètre est réduit car il faut s’assurer que tous les groupes se mettent au travail, trouvent des sujets, les photographient correctement et partagent l’appareil avec leur partenaire. Les idées fusent, sous le préau, dans les jeux, par terre, dans le ciel, partout de petites formes merveilleuses semblent se dessiner sous les yeux de nos apprentis photographes. Bien sûr quelques distraits préfèrent observer les vers de terre qui passent par là.

      

Sandrine court à droite et à gauche pour prêter main forte à ceux qui manquent d’inspiration, se disputent ou encore à celui qui est tombé en panne de piles. Au bout d’une heure on fait le point tous ensemble. Qui a vu quoi et comment transformer la réalité. Par exemple Clinton a vu un poteau qu’il voit comme un sapin de Noël ; Cliona est persuadée que le tunnel de l’aire de jeu est en fait la tête d’une princesse ; apparaissent ainsi dans la cour des requins, des champignons géants, deux géants se faisant des bisous et tout un tas de personnages rigolos.

 

Il est temps de rentrer en classe. Après un rapide point, les enfants passent en salle d’informatique. Par deux, il faut visionner les photos tout juste prises, pour en sélectionner une chacun. Cette sélection doit s’effectuer en fonction de l’inspiration provoquée par les images. Étape difficile car tous sont fiers de leurs photos. Il est déjà l’heure d’aller déjeuner, tout le monde semble s’être finalement décidé.

De retour en salle d’informatique le ventre plein, un nouveau travail commence. Toujours en binôme, les enfants doivent aller sur internet pour ouvrir un logiciel de retouche d’image libre de droits, en ligne. Ils sont déjà bien habiles à l’exercice car la maîtresse les avait fait s’entraîner quelques semaines auparavant. On ouvre les photos sélectionnées sur le logiciel et le travail de retouche peut commencer. Chacun son tour, il s’agit de transformer sa photo, pour qu’un simple banc d’école devienne un bus magique, ou qu’une bouche d’égouts se transforme en grosse pizza. Au gré de leur imagination, les enfants jouent avec les fonctions du logiciel : peinture, crayon, gomme. Ils peuvent tracer des traits de toutes les épaisseurs et de toutes les couleurs pour inventer un univers unique.

Nous sommes toujours bien présents pour les aider, d’abord dans les manipulations, puis dans l’aboutissement de leurs œuvres. Certains plus pressés que d’autres se contentent de quelques traits, nous les poussons donc à améliorer, à peaufiner leur travail.

Dernière étape des plus importante en salle informatique : une fois l’image terminée il faut trouver un titre. Chaque enfant doit choisir le titre qui accompagnera sa création, mais attention, il ne faut pas tomber dans la facilité. Sandrine nous demande de refuser toute proposition trop descriptive, type : « Le banc d’école ». À chacun de réfléchir pour inventer un titre rigolo et original. Rapidement naissent des idées folles et colorées. Fin de la journée en classe, avec une nouvelle consigne : maintenant que chacun a créé son image avec son titre, il faut écrire l’histoire pour les accompagner. Cette histoire doit commencer par : « J’ai vu.. » et raconter ce qu’ils ont imaginés à partir de la cour de récréation.

L’exercice est compliqué pour ses apprentis écrivains, mais là encore les idées ne manquent pas. La journée se termine sur cette activité. La séance prochaine permettra de développer les histoires pour les aider à aboutir au mieux.

Mardi 14 janvier

Nouveau jour et nouveau départ avec la classe des CM1. Plus grands que les enfants de la veille, les consignes sont vite assimilées. Pour eux, la sortie n’a pas lieu dans la cour mais au-delà, dans le quartier. Ce quartier qu’ils connaissent et fréquentent tous les jours, Bréquigny, ils vont devoir l’explorer avec leur œil de « petit visionnaire », comme dit Sandrine. Le sujet est vaste, mais les enfants sont concentrés et ils ramènent vite plein d’images : boîte à lettres, trottoirs, panneaux, devantures de boutiques, ou encore parkings.

Nous sommes impatients de voir ce que cela donnera en salle informatique. La sortie se termine avec l’heure du déjeuner.

Le travail sur le logiciel de retouche d’images reprend en début d’après-midi. Pour ces grands enfants, l’informatique n’a presque plus de secrets et ils maîtrisent parfaitement le logiciel. Ce qui est plus difficile en revanche, c’est de faire travailler son imagination. Nous constatons une vraie différence avec les CE1, les CM1 proposant des sujets très terre-à-terre. Ainsi, l’un veut dessiner un soldat, l’autre un footballeur. Nous les aidons alors à imaginer d’autres pistes. Finalement les idées viennent et les réalisations sur ordinateurs ne tardent pas à apparaître.

Comme la veille, il faut ensuite titrer les œuvres, puis commencer à rédiger l’histoire les accompagnant. Pour eux, la rédaction est plus facile, nous contrôlons l’orthographe avant de faire valider les contenus par Sandrine.

La journée se termine par la fin des rédactions. Lors de la prochaine séance, les enfants devront taper leurs histoires sur l’ordinateur. Mercredi 15 janvier Dernière demi-journée de travail à l’école, nous commençons à être bien fatigués. La classe de CE2 dans laquelle nous arrivons est, au contraire, surexcitée. Très au fait de ce qu’ont fait leurs camarades les jours précédents, les élèves savent déjà ce que nous allons leur demander.

Rapide récapitulatif des consignes et vérification des appareils photos. Malheureusement et contrairement aux autres jours, ce matin il pleut. Il faut donc passer par l’étape enfilage de bottes et imperméables avant de sortir. Pour les CE2, nous avons prévus d’aller photographier le parc de Bréquigny, très proche de l’école.

Les enfants, familiers de ce parc, doivent l’observer autrement pour y découvrir de quoi alimenter leur imagination. C’est avec un grand enthousiasme qu’ils s’élancent entre les arbres à la recherche de l’extraordinaire.

Il faut les aider un peu, car ce n’est pas toujours facile à première vue de voir autre chose que des arbres, de la pelouse et des chemins.

 

Pourtant, petit à petit des idées germent et des cris enthousiastes retentissent. Ce n’est certainement pas la pluie qui arrête ces découvertes.

En fin de matinée, il faut revenir à l’école, les appareils pleins d’images à exploiter. Après une dernière photo de groupe, tout le monde rentre au sec.

Le travail avec la classe de CE2 se poursuivra lors de la prochaine séance, avec le temps en salle informatique.

Sandrine Estrade-Boulet reviendra à l’école tous les mois jusqu’à la présentation finale des travaux des enfants, le 19 juin 2014. Sa prochaine séance se déroulera entre le 3 et le 5 février, avec les CE1, les CE2, les CP et les CM1.

Cet article a été rédigé par Anna Stevens.