Onirisme et carrousel pour le nouveau visuel de « Maintenant »

Publié le 17 septembre 2014 /

 

Andrea Wan est une artiste et illustratrice qui dessine à l’encre un monde à la fois paisible, étrange mais toujours poétique. Canadienne d’origine hongkongaise, elle vit actuellement à Berlin et a été choisie pour créer le visuel du festival « Maintenant ». Contactée par mail, elle a bien voulu répondre à nos questions pour nous faire entrer dans son univers.

– Pourrais-tu expliquer ton parcours et la formation que tu as suivie ?

J’ai étudié le cinéma à l’Université Emily Carr à Vancouver. Après avoir obtenu mon diplôme en 2008, j’ai suivi une formation en illustration dans une petite ville du Danemark pendant six mois. Après mon séjour en Europe, j’ai commencé à réaliser des illustrations pour des magazines, à travailler sur des projets personnels et à faire des expositions. Il y a deux ans, j’ai déménagé à Berlin et je continue mon activité d’artiste et d’illustratrice. Je suis actuellement en résidence à l’ « Urban Spree », un lieu culturel accueillant tout type de création.

– A quand remonte ta première exposition ? 

J’ai réalisé ma première exposition en 2011 à Vancouver, ma ville natale.

– Quels sont les projets les plus importants que tu as réalisés jusqu’à maintenant ? 

Pour moi, toutes les séries que j’ai créées ont la même importance mais les plus notables sont les premières, « Dream On » et « Little Ghosts ».

– J’ai vu que tu avais fait quelques peintures murales. Est-ce qu’à l’avenir tu souhaiterais développer ce travail ?

Je ne sais pas encore, mais j’en ferai sûrement pour le plaisir avec des amis. Il y a aussi beaucoup d’autres mediums que je voudrais essayer.

– Comment décrirais-tu l’univers que tu construis dans tes illustrations ?

C’est un monde où tous nos alter-egos coexistent sous différentes formes. Il existe des versions minuscules et géantes de nous. Dans ce monde, nous sommes en recherche constante d’aventures et d’expériences. Parfois, cela peut être effrayant, mais la plupart du temps c’est amusant.

– Il y a des personnages qui reviennent souvent dans tes illustrations comme les paresseux, les chevaux, les fantômes ou les tigres. Qu’est-ce qui guide ces choix-là ?

Tous les personnages peuvent être reliés à des types de comportements humains. Parfois, ce sont des portraits de moi-même qui expriment mes émotions, à d’autres moments ils représentent quelqu’un que je connais.

Le cheval est la première chose que je me rappelle avoir dessiné quand j’étais petite. Le dessin représentait une jument et ses quatre petits, qui courraient entre ses jambes. Pour moi, cela symbolise l’innocence et la liberté de l’enfance. Quand je les dessine avec des masques, ils représentent davantage des chevaux de course.

Les personnages avec un voile ne représentent pas forcément des fantômes mais peuvent être également des humains qui ne veulent pas être vus ou qui ont des secrets à cacher, tout comme ceux qui portent des masques.

Les paresseux sont mes animaux préférés car ils affichent toujours un sourire naturel. J’aime les dessiner avec des appareils technologiques car ils se déplacent trop lentement et doivent compter sur leurs smartphones et ordinateurs portables pour rester en contact avec le reste du monde.

Les tigres symbolisent la puissance, mais ceux avec des cubes sur la tête sont perdus et confus.

– Est-ce que tes illustrations portent un message particulier ?

Non, je n’ai pas de grands messages à délivrer à mon public. Je veux juste dessiner des choses qui font sens pour moi et observer ce que les autres en tirent. Une fois, j’ai vu une fille fondre en larmes devant mon travail et je n’avais aucune idée pourquoi. C’est agréable de savoir que les gens sont touchés par mon travail et sont prêts à passer plus que quelques secondes à le regarder.

– Comment as-tu trouvé l’inspiration pour créer le visuel de l’affiche du festival Maintenant ? Devais-tu respecter certains critères ?

On m’a demandé de venir telle que je suis et de réaliser ce que je souhaite puisque l’équipe apprécie le caractère étrange et poétique de mon univers. J’ai décidé d’utiliser mon personnage de prédilection, ma « signature », comme élément principal (la tête d’une fille géante) avec un carrousel à l’intérieur. Les animaux sur le carrousel sont des espèces disparues que j’ai également dessinées pour la série « Exploding Heads ». Le carrousel ajoute un élément de fête au dessin sans que cela apparaisse de manière trop évidente.

– Est-ce la première fois que tu travailles avec des Français et que tu réalises le visuel d’un festival ?

J’ai déjà travaillé avec des Français plusieurs fois en fait.  Récemment, j’ai aussi créé l’affiche du « Powell Street Festival » de Vancouver. C’est un festival très sympa qui célèbre l’héritage et la culture nippone-canadienne. J’avais l’habitude d’aller tous les ans à ce festival quand j’habitais Vancouver.

Illustrations : © Andrea Wan

Juliette Josselin, pour Electroni[k]